samedi 1 mars 2008

FIN DE SEJOUR




C’est la fin de cet été 1958, les manifestations à ALGER et dans les grandes villes aboutissent à la constitution des comités de salut-public mis en place par les pieds noirs, les généraux et les politiques. Ce n’est pas sans nous inquiéter pour la suite
.Une nouvelle constitution doit être soumise à « tous les Français » par référendum en septembre.
Nous savons alors que le FLN a donné des consignes à ses troupes pour empêcher la population de voter. Les pressions sont très fortes dans le bled. Nous savons aussi que les femmes musulmanes voteront pour la première fois. Que vont en penser les notables indigènes?
Les S.A.S. informent, visitent et recensent la population en prévision du vote. Nous sommes toujours dans l’expectative, pourtant la vie changera peu en attendant ce référendum. Les opérations se poursuivront. On ménagera un peu les anciens (dont je suis), pour lesquels la relève est arrivée depuis deux mois.

Jour d’élection calme, les hommes et les femmes des douars avoisinants sont là, venus par camions spéciaux ou par leurs propres moyens. Diverses rumeurs ont couru par rapport à la régularité du vote : présence d’un seul bulletin (le OUI » bien sûr), la couleur de ceux-ci devait marquer une préférence… et je ne sais quoi encore !
Je vote pour la première fois [1] Je trouve un bureau de vote tout à fait normal, avec les deux bulletins, des isoloirs et des urnes. Dans cette ancienne école du village, l’ambiance est très républicaine.

A vrai dire, on ne sait trop l’exprimer, on espère beaucoup de ce référendum pour amener un peu de paix et de confiance ici et en France. De Gaule sera-t-il à nouveau l’homme de la situation ? La Véme république sera-t-elle moins désordre que la IVème en fin de parcours ? Les transistors nous annoncent bientôt les résultats en Algérie : 80% de votants malgré les consignes du FLN. Un « OUI » écrasant : trois millions trois cent cinquante mille
environ contre seulement cent dix huit mille « NON ». Nous sommes surpris, mais pas mécontents ma foi, les choses sont plus claires pour nous.
Le 5 octobre, la Véme est proclamée. Nous apprécions, nous sommes aussi habitués aux renversements de situation et nous restons prudents. Pas de débordements. Les militaires et les « pieds noirs » engagés dans les Comités de Salut Public vont-ils accepter ce résultat et se ranger derrière De Gaule[2] ?
ENFIN!
Le jour tant attendu est en vue : la quille le 18 octobre. Un énorme soulagement pour moi : je suis bien en vie, mais pas encore dans le bateau pour la France. Mes copains les plus proches sont partis. C’est donc avec quelques autres amis que je vais prendre la direction de la gare pour un dernier parcours en Algérie.

[1] La majorité est à l’époque à 21 ans.
[2] : Celui-ci rappellera à l’ordre les Comités de Salut Public ( fin octobre 1958) , le général SALAN et les militaires sont sommés de rentrer dans les rangs. De Gaulle nommera un haut fonctionnaire civil en Algérie Cela marque le divorce entre lui et les militaires.

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