mardi 25 mars 2008

BALLADES NOCTURNES

EMBUSCADE

Les véhicules nous ont déposés au bord de la route, et le petit groupe d’une quinzaine que nous sommes les regarde rentrer. Il fait nuit mais elle sera cependant claire, une lune bien pleine comme on l’aime est au rendez-vous. Sera-t-elle vraiment une alliée ?
Nous nous sentons très seuls et vulnérables et partons sans tarder.
Des renseignements « surs » ont été obtenus et nous devons tendre une embuscade de nuit. J’ai peur ! Une bande de fellaghas doit passer dans les parages cette nuit, il s’agit de l’intercepter.

Un jeune lieutenant, nous commande. Je porte le poste radio en essayant de maintenir une liaison incertaine et discrète avec notre base. La distance est limite, et la portée du poste modeste. Il faut aussi éviter tous les bruits pouvant trahir notre présence.
Après une petite heure de marche, nous arrivons sur les lieux présumés de passage de la bande. C’est un endroit assez dégagé .Il est bordé d’arbres rabougris qui vont nous dissimuler La nuit est en effet très claire. Nous prenons donc nos quartiers dans la pénombre : Il s’agit de voir sans être vu. La longue veille commence, combien de temps va durer cette attente ? Heureusement la nuit est douce.

Peu à peu, la peur me gagne : s’ils sont nombreux et bien équipés, on va se faire « allumer » . Qui va donner l’ordre de tirer ? Les copains, comme moi, sont peu habitués à ce genre d’exercice: c’est assez rare que nous, les gens des services, participions à des embuscades, de nuit. S’il y a accrochage y aura-t-il des survivants ? Devrons-nous faire du combat rapproché ? Toutes ces interrogations ne font qu’accroître mon angoisse.
Pas un nuage ne va donc masquer cette putain de lune, ils pourraient ainsi passer sans qu’on ne les voit. Ce serait bien aussi qu’ils choisissent un parcours différent !

Faudra- t- il tuer des hommes ? Pourras-tu le faire ? Si tu ne le fais pas c’est toi qui va perdre la vie, on le sait : ils ne font pas de prisonniers !!!

Les heures passant, on réalise peu à peu qu’Ils ne viendront pas cette nuit…Ouf !

On rentre au petit matin, satisfaits d’être bien vivants. Personne ne mourra cette nuit.



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PATROUILLE


La nuit est noire, très noire cette fois. Je distingue à peine la silhouette du copain qui marche à deux pas devant moi. Il doit bien être dix heures, et nous partons pour une randonnée nocturne aux alentours du camp.

Pour quelle raison cette sortie inhabituelle ? Nous ne savons pas : routine, renseignement à exploiter, contrôle des douars environnants… Autant de questions sans réponses, puisqu’en général, nous ne sommes pas informées du but de la sortie, c’est la surprise. On peut donc tout supposer en attendant le retour dans quelques heures.

Pour le moment, il s’agit de ne faire aucun bruit, aucun signal visible ou audible. Surtout, ne pas perdre le groupe et se fondre dans la nuit. Espérons que nous ne ferons pas de mauvaise rencontre, que ferions-nous dans une telle obscurité ? N’y pense pas et marche.

Nous progressons ainsi à la lisière du bois proche de notre camp. Depuis combien de temps marchons nous ainsi? je ne saurais le dire trop attentif à ne pas perdre le groupe. Mes yeux fouillent l’obscurité en permanence, mais rien, tout va bien.

Soudain, une lumière brève. « Un coup de lampe, sûrement ! ».là, à droite… « Tu rêves, ta vue est fatiguée ! Mais non. Il n’y a rien.

Puis un autre devant, puis à nouveau sur le côté… Alors là, tu ne rêves plus ! C’est une embuscade, ces signaux indiquent notre route aux fellaghas, qui nous suivent depuis notre départ. L’attaque est-elle imminente ?

Tu as peur, très peur…

Le premier coup de feu va claquer sous peu? Alors c’est la mort, ou peut être le combat rapproché dans la nuit, ce corps à corps que je redoute tant. Que faire ? C’est sûr il n’y a plus d’issue, c’est la fin, alors, si tu meurs tout à l’heure, mieux vaut être « en règle ». Sauve au moins ton âme à défaut de sauver ta peau. Tu gagnes la vie éternelle, en échange d’un regret parfait de tes fautes, m’a-t-on appris au catéchisme. Alors vas-y repens-toi, c’est le moment….

Encore quelques lumières brèves, et plus rien. Nous poursuivons notre marche dans cette obscurité qui nous enveloppe et nous angoisse. Satisfaits à nouveau d’être bien vivant nous rentrons en silence.
Le mystère sera éclairci le lendemain. Faisant part de ce que nous avions vu au cours de la nuit à un des gardes forestiers, nous apprendrons que ces lumières étaient dues à des foyers que les paysans du secteur font plus ou moins clandestinement pour fabriquer du charbons de bois.

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